Un jour banal de printemps, un ami et moi roulions à vélo sur les routes d’Illkirch-Graffenstaden au sud de Strasbourg.
Celui-ci m’expose l’idée d’aller visiter une usine abandonnée, c’était loin d’être la première fois que j’en visitais une, donc j’ai dit oui. Nous savions que nous n’avions pas le droit d’y entrer mais nous sommes tous les deux attirés par les expériences qui dépassent les banalités du quotidien.
On s’est demandé quelle était cette usine, puis nous avons vu sur le toit, 4 gros caractères orange “KIRN”. Après quelques recherches, il s’agissait alors d’une ancienne unité de fabrication de charcuterie élaborée en 1978 par la société KIRN, André KIRN étant le fondateur de la maison KIRN en 1904.
Nous avons déambulé pendant quelques heures sur l’ensemble de l’usine. J’avais pris quelques photos de notre passage : des mannequins en plastique, des emballages alimentaires, des banalités, des pièces vides, des choses rongées par le temps…
Nous avions ensuite décidé de quitter les lieux et nous sommes donc retournés à l’étage du bas qui menait vers la sortie. Nous étions dans le noir total et nous nous sommes munis de lampes de vélo pour éclairer notre passage. C’est alors que je suis tombé sur plusieurs boîtes remplies de diapositives. Je commence à les manipuler puis à les regarder attentivement.
Il s’agit d’un voyage d’affaires au Japon, organisé par l’un des représentants de la firme en juin 1992. J’étais attiré par la découverte de ces photographies laissées à l’abandon depuis des années. Je me sentais un peu comme John Maloof qui découvrit le remarquable travail photographique de Vivian Maier, nourrice mais aussi une talentueuse photographe de rue, qui n’a jamais dévoilé sa production artistique de son vivant.
Je décide alors, avant de quitter les lieux, de saisir quelques boîtes remplies de diapositives pour prendre le temps de les regarder en détail chez moi.
Je constate qu’il y a énormément de photographies de plats de charcuteries disposés dans quelques enseignes japonaises ainsi que des rendez-vous avec des représentants commerciaux qui viennent documenter ce passage professionnel au Japon. À ma grande surprise il y a aussi quelques clichés dégageant un certain esthétisme que je trouve intéressant, des moments de pause, de découverte et de déambulation au Japon. S’ensuit alors un travail de tri et de retouche en post-production via un logiciel permettant de retoucher les images.
Ces photographies ne méritaient pas l’abandon alors j’ai décidé d’en faire une série et une édition. J’ai eu cette envie de donner un second souffle à ces clichés oubliés.